Le syndrome de la Checklist
Il arrive parfois que nous constations avec étonnement que notre vie s’est retrouvée engagée on ne sait trop comment sur une voie à sens unique. A moins qu’il ne s’agisse plutôt d’une unique voie sans sens. En théorie, on a tout pour être heureux, un bon job, un bon salaire, un statut social plutôt élevé, un certain degré de sécurité, et pourtant nous nous sentons tout à fait insatisfaits, voire finissons dans les statistiques du burn-out (ou du bore-out, la limite étant parfois floue entre les deux) ou de la dépression (éventuellement existentielle). On a tout bien fait, alors pourquoi cela cloche-t-il?
Dès l’enfance, dans nos sociétés occidentales, européennes ou américaines, en particulier dans ce qu’il est encore convenu d’appeler “classe moyenne”, un certain modèle de réussite nous est présenté. Il est jalonné d’étapes bien définies, et ne laisse que peu de place à l’imagination. On nous persuade que si on coche toutes les cases, tout ne peut que bien aller pour nous. Alors on s’y lance à corps perdu, jusqu’à ce que ça n’aille plus.
J’appelle cela le “syndrome de la checklist”:
- avoir de bonnes notes à l’école;
- pour pouvoir intégrer les meilleures universités ou hautes écoles;
- afin de s’engager dans une prestigieuse carrière;
- qui nous rapportera beaucoup d’argent avec lequel on s’achètera plein de belles choses;
- tout en trouvant le bon compagnon/la bonne compagne;
- avec qui on investira dans une belle maison quatre façades avec terrain piscinable en périphérie;
- avec un beau garage pour les deux belles, grosses, confortables voitures (une pour monsieur, une pour madame) qui nous permettront de faire agréablement la navette entre notre lieu de résidence et notre lieu de travail, en tout plusieurs heures, matin et soir;
- avant de rentrer voir nos beaux enfants (qui bien sûr auront à leur tour de bonnes notes et ont été sages avec la nounou jusqu’à notre retour, tard en soirée);
- puis se délasser pour pouvoir retourner travailler et gravir les échelons (parce qu’il faut bien maintenir tout ce train de vie à ce stade);
- et rêver à la retraite, ce paradis des temps modernes, le moment où (enfin) on pourra vivre pleinement, faire ce qu’on a toujours vraiment voulu, voyager, profiter, avoir des amis, et regarder paisiblement la boucle se perpétuer auprès des membres plus jeunes de notre famille;
- et bien sûr être heureux tout du long, c’est une obligation.
A croire qu’il est impensable de vivre autrement, que l’on ne peut même rien imaginer d’autre. C’est comme cela, n’est-ce pas? C’est ce qu’il faut faire. C’est ce que l’on doit faire. C’est pareil pour tout le monde à moins d’être Amish ou hippie. On n’a pas le choix.
“On n’a pas le choix”; ça c’est déjà terrible en soi.
Le fait est que cette recette ne laisse pas beaucoup de place à l’imprévu, au réel épanouissement ou à se demander ce que celui-ci pourrait être, et laisse peu de temps non assigné. Car tout comme la révolution (selon une célèbre réplique de film), “la checklist est comme une bicyclette: quand elle n’avance plus, elle tombe”. Tout caillou sur la route est à éviter soigneusement. Comment s’étonner donc que l’on se retrouve le nez dans le guidon, emporté par sa propre vitesse, à ne plus pouvoir seulement réfléchir à l’adéquation de cette voie avec nos aspirations (et même quelles sont nos aspirations)? Même cette pensée est dangereuse; il vaut mieux éviter de se poser des question, nous conseilleront les personnes bien intentionnées, cela fait plus de mal que de bien.
En réalité, les interruptions, même les moins désirables, les burn-outs ou les dépressions, sont salutaires, en ce qu’elles nous forcent, bien que de manière inconfortable, à relever la tête et à jeter un coup d’oeil à la carte routière, afin de concocter un itinéraire plus économe en ressources. Et cette fois, peut-être essaierons-nous de plus petits chemins, moins fréquentés et plus bucoliques.
Au fond, c’est quoi le problème?
Une citation (d’origine moins douteuse) exprime mieux que je ne le pourrais le problème de la checklist:
Se plier de façon non examinée, involontaire, voire contre sa volonté à toutes les injonctions de la société, aller contre soi-même, se forcer, est en fait une forme de traumatisme complexe. Jour après jour, les petites blessures a priori insignifiantes s’accumulent, jusqu’à creuser une plaie béante. L’un des ingrédients les plus terriblement efficaces dans la recette du trauma complexe est le sentiment d’impuissance. Or on se sent souvent impuissant à adopter une autre trajectoire que celle qui nous est rabâchée consciemment ou inconsciemment par les publicités, les séries télé, les “bons conseils”, ou encore l’éducation.
Même si la partie très rationnelle de notre cerveau semble s’accommoder avec raisonnabilité de la recette qui nous est proposée (voire imposée), d’autres systèmes de notre corps ou de notre esprit, ceux où se jouent réellement les émotions, tirent la sonnette d’alarme lorsqu’ils ne se sentent pas en vie. C’est ainsi que l’épuisement prend en dernier recours une forme d’effondrement physique. La Théorie Polyvagale notamment pourrait expliquer ce phénomène. Les dernières recherches en date établissent également un lien de plus en plus solide entre le stress et divers types de maladies, inflammatoires, auto-immunes voire cancers. Le dernier livre de Gabor Maté, “The Myth of Normal” (que je recommande chaudement) s’intéresse à cette corrélation. D’ici à dire que lorsque l’organisme ne se sent pas vivre d’un point de vue émotionnel, le corps se met d’abord en veille (dépression, burnout), puis si l’état persiste il passe en mode auto-destruction, il n’y aurait qu’un pas.
Comme je l’avais déjà écrit, le trauma est contagieux, et nous nous le transmettons les uns aux autres, à travers ce que l’on appelle “culture” ou “société”. A force, tout cela, toute la détresse et ses conséquences, devient “normal”. C’est cela le thème de “The Myth of Normal”: ne pas confondre ce qui est devenu statistiquement normal par sa prévalence et la façon dont les choses devraient être, celle pour laquelle notre fonctionnement humain est adapté. La misère morale ou existentielle est habituelle à notre époque, mais ne devrait pas pour autant être normalisée.
Alors pourquoi on continue sans rien changer?
Il y a un certain nombre de raisons qui nous empêchent a priori de changer de mode de vie au niveau individuel (et par conséquent au niveau sociétal, qui est au final l’expression de la somme des individualités).
Dans un premier temps, on ne s’en rend pas compte…
On peut très bien vivre une certaine portion de sa vie en se sentant très bien adapté à cette checklist, ou ne pas être suffisamment exposé à ses côtés les plus sombres pour en ressentir un mal-être. La théorie de la désintégration positive (TDP) et la théorie de l’auto-détermination expliquent bien comment notre individualité se construit à la convergence de notre constitution innée (biologie, génétique, certains traits de caractère, …) et de l’acquis, qui nous est transmis par notre environnement (les règles sociétales, l’éducation, la religion, la checklist, …). La TDP appelle cela l’intégration primaire, qui n’est pas remise en question par une majorité de personnes (on en revient au fait qu’on ne se rend pas compte).
A titre personnel, je ne me suis pas posé de questions et je m’en suis fort bien tirée avec la checklist jusqu’à environ 23 ans. Avoir de bonnes notes, faire des études supérieures exigeantes et obtenir un emploi prestigieux étaient tout à fait dans mes cordes. Mais en fait j’étais très naïve sur le monde du travail et de la finance (le domaine dans lequel j’exerçais). Y évoluer a commencé à me poser des problèmes (moraux et physiques). Pourtant à partir de ce moment-là j’ai encore tenu presque 5 ans, sans broncher, avant de m’effondrer réellement.
… et la honte nous force à poursuivre.
La colle qui maintenait peu ou prou l’édifice en place était la honte, un sentiment généralement bien connu des personnes qui ont fait l’expérience d’un burnout. Lorsqu’on “n’y arrive pas”, le premier réflexe est de se dire qu’on est soi-même inadéquat; qu’on est fainéant, alors que si seulement on essayait plus…; qu’on est bête; qu’on est défectueux. C’est faux bien sûr. Si l’on regarde bien, la colle est faite à base de faible estime de soi et se concocte dès l’enfance. Je suppose qu’une personne qui a pu se constituer une saine estime de soi dès le départ aura moins de difficulté à opérer les changements nécessaires, car elle aura une conscience plus élevée du fait qu’elle ne constitue pas elle-même le problème. Si l’on n’a pas eu cette chance, la honte nous force à poursuivre.
Dans un second temps on fait la même chose, mais autrement.
Parfois, on change les choses, mais sans vraiment les changer. Par exemple on pourrait changer d’emploi (genre quitter une banque pour rejoindre une assurance) mais faire le même type de travail, ou encore changer de partenaire romantique, déménager, rechercher sans succès des explications médicales à grands renfort d’examens infructueux, ou se coller un tas d’étiquettes qui n’aident pas (zèbre, hypersensible, neuro-atypique, … Si si, si on réfléchit bien pour de nombreuses personnes c’est une façon une ne pas devoir changer quoi que ce soit. “Je suis différent, donc pas à ma place, j’y peux rien et je suis condamné à être malheureux”. Les étiquettes qui aboutissent à une voie non plus sans sens mais sans issue sont bancales, et donc à éviter – pas qu’il n’y ait rien à apprendre en explorant ces sujets, mais le label n’est pas une finalité en soi.). Bref, rien ne change vraiment et in fine certains reviennent à l’intégration primaire, une fois le malaise plus ou moins dissipé (même s’il attend peut-être juste de refaire surface à un autre moment).
Selon la TDP, s’il existe des frottements, un inconfort suffisant, une première désintégration (par exemple un burnout) peut se produire: la désintégration spontanée à niveau unique. Elle est à niveau unique parce que le malaise, même s’il a atteint un volume critique, ne donne pas lieu à l’établissement d’une hiérarchisation de nos valeurs. Les options qui se présentent à nous sont du même ordre moral que les problèmes que nous cherchons à fuir. C’est ce qui se joue ici.
Puis arrive la peur…
Si toutefois ces premiers écueils sont dépassés, peut se produire une seconde désintégration, toujours spontanée, mais cette fois à niveaux multiples, car une “tension verticale” entre ce qui est et ce qui pourrait (devrait?) être émerge. La question de savoir comment et pourquoi cela se passe chez certaines personnes reste en suspens; la TDP parle d’un saut quasi-quantique qui génère ce changement spontané. La détermination à ne plus subir, à vivre selon ses propres règles, se constitue tout doucement.
On n’est pas sorti des ronces pour autant.
Malgré les protestations bien pensantes du contraire, les écarts à la norme tacite sont perçus comme un dérapage vers la marginalité. S’éloigner du cadre suscite la peur. Il y a bien sûr d’abord la peur de la personne qui s’en écarte (ou pense à s’en écarter), parce qu’elle s’engage sur un terrain inconnu. Mais il y a aussi la peur de son entourage, qui peut être de deux types:
- une réelle crainte pour le bien-être de la personne dont on ne comprend pas les choix. Si l’on ne peut envisager une autre façon de (bien) vivre que celle qui est perçue comme “normale”, il est légitime de ne pas savoir comment cet être aimé pourra être heureux autrement.
- une crainte de type égoïste; si d’une manière ou d’une autre on profitait du conformisme de la personne (salaire mis en commun, prestige ou fierté à travers un statut qu’il/elle veut abandonner, maison à vendre pour financer de nouveaux projets, …), on peut se trouver à craindre pour son propre avenir, son propre supposé bonheur.
Il y a un autre écueil lié à l’égoïsme d’autrui (ou en réalité au fonctionnement du trauma): si l’on doit ou a dû subir une situation qui ne ne nous convient pas, il peut être dur à avaler que quelqu’un d’autre décide de ne plus subir. Cela peut prendre la forme d’une d’attente de loyauté mal placée: “tu ne peux pas faire ça, partir, nous abandonner et nous laisser tirer notre plan ici, c’est pas juste”. Ou encore cela peut provenir d’un pur dépit ou envie; il est dans une certaine nature humaine de ne pas aimer que quelqu’un se débrouille mieux que nous et qu’il ou elle ait le courage qui nous manque.
Tout cela tend à nous maintenir dans l’immobilisme.
… mais vient aussi l’espoir.
Une fois que la désintégration spontanée à niveaux multiples s’est enclenchée, elle évolue au fil du temps. En effet, la TDP situe à ce stade l’apparition de dynamismes. Ils sont nombreux, mais l’un des plus intéressants est le malajustement positif (je sais, j’ai déjà promis de faire un article sur ce seul sujet; ça viendra). Plusieurs penseurs ont dit en substance qu’il n’est pas sain d’être adapté à une société malade, ou à une situation qui ne nous convient pas. Persister à s‘y adapter est ce qui est problématique, pas l’inverse. Aussi, au bout d’un temps, on finit par se sentir confortable avec le décalage (un autre sujet qui demanderait réflexion est de savoir si une bonne partie du fameux “sentiment de décalage” qui apparaît sans cesse sur les forums de discussion n’est pas lié à une difficulté à passer au malajustement positif).
A ce stade, en ce qui me concerne, j’ai commencé à ressentir un sentiment d’espoir que je n’avais jamais eu, qui me disait que même si je ne savais pas comment (je ne suis toujours pas au clair là-dessus d’ailleurs), tout irait (relativement) bien, qu’un jour je saurais. C’est une forme de lâcher-prise, qui est libérateur et permet d’avancer un cran plus loin. De là à savoir où cela se place entre la désintégration spontanée à plusieurs niveaux et la désintégration organisée (l’étape suivante de la TDP où on reconstruit réellement et de façon cohérente), c’est difficile à dire. Peu importe. Il n’est pas nécessaire (et même pas possible ou désirable) d’avoir un plan tout ficelé avant de se (re)mettre en route. Il y aura sûrement des ajustements à faire. L’important c’est qu’on aura dorénavant la souplesse de les réaliser, maintenant qu’on n’est plus tant piégé dans les “il faut, on doit”.
Quand la bicyclette déraille
La bicyclette “checklistienne” peut dérailler à tout moment, à toute étape majeure. Nous avons tous plus ou moins une idée de comment cela peut déraper dans la sphère professionnelle, mais il y a tant d’autres occasions où la conscience d’un malaise peut poindre.
On peut notamment penser à l’épuisement parental, qui existe même chez des parents dont c’est “le métier”, qui sont parents au foyer. La réalité de la parentalité est parfois très différente de l’idée qu’on s’en faisait. Et les injonctions sociétales ne manquent pas. Il faut être une super-maman ou un super-papa, de A à Z, jongler avec les rendez-vous de l’agenda, prendre garde aux écrans, préparer des repas faits maison bio, trouver les bonnes stimulations mentales et sensorielles, garder une maison impeccable, s’inquiéter de mille choses… Là aussi il peut y avoir frictions et dépassement des ressources.
A la retraite, moment censé être si merveilleux, quasi paradisiaque, il arrive de se rendre compte que le vide que l’on ressentait n’était pas dû uniquement à un travail peu satisfaisant. Pire: le vide peut être plus grand encore, lorsque finalement on s’ennuie ferme et qu’on ne se trouve plus d’utilité dans un domaine professionnel ni comme parent, les enfants ayant quitté le nid. Reste à devenir de super grands-parents. On devait faire des tas de choses, mais peut-être les finances sont-elles moins abondantes que prévu, peut-être la santé fléchit-elle. La vie sociale n’est pas forcément aussi foisonnante qu’on l’avait pensé; on devient casanier. Le fait est que si on n’a pas appris à vivre tout le reste de sa vie, il ne faut pas s’attendre à ce que l’apprentissage se fasse subitement à l’automne de celle-ci.
Les plus jeunes ne sont pas épargnés. Certains d’entre eux, particulièrement sensibles, ressentent un mal-être diffus en percevant que leur vie semble toute tracée pour eux, sans marge de manœuvre évidente. Un long couloir borgne se déroule devant eux, et ils se voient à son extrémité comme des rouages supplémentaires dans la grande machine. Il est probablement difficile encore dans l’adolescence d’exprimer des questions existentielles ou de sens, d’autant qu’elles seront facilement mises sur le compte d’une crise de cet âge. Mais lorsqu’ils se demandent à quoi bon aller à l’école (un des hauts lieu de la checklist), à quoi cela va leur servir ou qu’est-ce qu’on essaie de leur faire à les pousser dans le moule, cela vaut la peine de se pencher sur de telles interrogations.
Dans “Searching for Meaning”, James T. Webb mentionnait de jeunes adultes doués qui, arrivés à l’issue de leurs études universitaires, avaient le sentiment que leur vie était finie, qu’ils avaient fait tout ce qu’on leur avait toujours dit de faire. Et ils se retrouvent démunis, avec d’encombrants diplômes en poche sans savoir que faire à présent.
Tout moment, toute crise, toute décennie qui passe, toute maladie, tout événement de vie est propice à remettre la checklist en cause.
Les facteurs aggravants (qui pourtant sont porteurs d’un certain espoir)
Ma perception est qu’il sera de plus en plus difficile de s’intégrer à la checklist et que le mal-être qu’elle génère ira seulement croissant, jusqu’à ce que, peut-être, elle devienne tout bonnement inacceptable. Ce sera le jour d’une révolution sociétale. En effet, la machine s’emballe, entraînée par notre société de plus en plus consumériste, extractiviste, dématérialisée, désincarnée, cause également des problèmes environnementaux. Y trouver du sens est un défi de plus en plus considérable. Sans compter que les générations actuelles ont de plus en plus de mal à réaliser les mêmes buts matériels que les précédentes (accès à la propriété, “ascenseur social” qui serait en panne, etc). La classe moyenne est une espèce en voie de disparition. Et pourtant, on continue à pédaler, mais pour quoi?
Comme le dit Tim Jackson (ma traduction), et il n’est pas le seul:
Un autre (et trop tôt défunt) penseur de notre époque, David Graeber a inventé le terme de “bullshit jobs”. Ce ne sont pas des “jobs de merde”, mal payés, mal considérés, non. Ce sont au contraire ceux qui font rêver, dans la consultance, le middle-management de la plupart des entreprises, là où on gagne de l’argent et où on fait des envieux. Mais peut-être aussi qu’on fabrique du vent, ou qu’on facilite la faillite des collectivités en participant à pérenniser l’évasion fiscale des multinationales à grande échelle (moi c’est ce que j’ai fait fut un temps), ou qu’on gère la production de choses inutiles et polluantes, ou qu’on crée des publicités qui ne vendent non plus des biens de consommation, mais des émotions, celles qu’on ne sait plus vivre au naturel, l’évasion, l’épanouissement, …
La définition “officielle” du bullshit job serait (ma traduction):
“Une forme d’emploi rémunéré qui est tellement futile, inutile ou nuisible que l’employé lui-même ne peut justifier son existence bien que les conditions nécessaires à son employabilité l’obligent à faire semblant que ce n’est pas le cas.”
David Graeber
Là où je vis et dans le milieu dans lequel j’évolue, ces métiers sont très représentés, et bien sûr beaucoup d’autres personnes dépendent d’une hiérarchie où ils sont prépondérants. Les jeunes gens au sortir des études supérieures viennent de loin pour grossir leurs rangs. Dans ces conditions, comment se justifier à soi-même le travail que l’on réalise, d’autant plus s’il a un coût personnel?
En conclusion:
Un jour, la bicyclette de la checklist n’aura plus nulle part où encore aller. Elle n’aura plus qu’à tomber. En attendant, ça n’a pas juste à “être ainsi”. Il ne faut pas juste être pragmatique ou réaliste. Vous n’avez pas besoin de pédaler (dans la semoule qui plus est), dès lors que vous vous rendez compte que cette voie n’est pas celle qui vous convient. Il y aura des défis, certes, qui ne sont égalés que par ceux qui se présenteront inévitablement si l’inertie vous force à continuer d’avancer. Se rediriger ou continuer ont tout deux un prix, mais l’un est un investissement alors que l’autre est une perte sèche. Mais comme je le dis et le répète toujours: il n’y a rien d’égoïste à s’occuper de soi et à prendre sa vie en main. En résolvant vos traumas et défis, vous pourriez bien contribuer à changer le monde.
Métacosme est un blog dont le but est de mettre à disposition des lecteurs francophones des informations de cheminement personnel et un éclairage psychologique et philosophique original.
Rejoignez-nous dans le groupe de discussion sur Facebook
Ressources:
- « The Myth of Normal: Trauma, Illness & Healing in a Toxic Culture », livre du Dr Gabor Maté
- « Searching for Meaning: Idealism, Bright Minds, Disillusionment, and Hope », livre de James T. Webb
- » Le corps n’oublie rien – Le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme « , livre de Bessel van der Kolk, expert sur le SSPT
- » Complex PTSD: From Surviving to Thriving « , livre de Pete Walker, thérapeute spécialisé dans les traumatismes complexes et les strategies de coping