Gifted trauma

Le « Gifted trauma »

La douance est loin d’être une maladie. Et pourtant, mal comprise (par notre entourage et par nous-même), elle peut donner lieu à toute une série de micro-événements blessants qui ensemble peuvent éventuellement former un traumatisme complexe. De façon très générale, c’est cela que l’on appelle le « gifted trauma ». Même si on ne le nomme généralement pas, il est très présent dans les discussions sur les forums traitant de haut potentiel, puisque c’est souvent de lui que l’on parle lorsqu’il y est question de suradaptation ou de certains types de perfectionnisme.

Je ne voudrais pas être celle qui aura la lourde tâche de trouver un nom français à ce phénomène ; à ma connaissance il n’en a pas encore. C’est peut-être parce que même dans la sphère anglophone ce terme est très récent. Il semblerait que la notion de psychotrauma lié à des spécificités de la douance ait commencé à émerger vers 2014, et les (peu nombreux) articles et podcasts qui en traitent ont germé à partir de 2019/2020.

En ce qui me concerne, j’ai découvert le concept dans la série de conversations enregistrées par Karin Eglinton et Jennifer Harvey Sallin. Les discussions au cours desquelles elles explorent les sujets liés au « gifted trauma » (d’une manière plutôt informelle) formeront le fil conducteur de cet article. Tant que j’y suis, je rends à César, ou plutôt à Karin, ce qui lui appartient : c’est elle qui est à l’origine de l’image des « mille coupures » concernant le traumatisme complexe (je ne sais si elle en est l’inventrice mais en tout cas, c’est d’elle que je la tiens).

« De quoi se plaint-on ? »

A moins d’être déjà sensibilisé au sujet du « gifted trauma » ou plus généralement du traumatisme complexe, la première réaction de beaucoup de gens est de se dire que c’est probablement un peu exagéré que de se plaindre d’éventuels effets secondaires de la douance. C’est de façon assez évidente le cas des gens mal informés sur celle-ci, mais les personnes à haut potentiel elles-mêmes ne font pas exception à la règle. Après tout, il y a quand même plus grave dans la vie que leurs petits états d’âme, non ? C’est certain, qu’il y a plus grave, mais cela ne justifie pas que l’on mette le sujet au placard jusqu’à ce que toutes les misères du monde aient été éradiquées. On ne gagne rien à mordre sur sa chique et à subir une situation qui peut être améliorée. Je le répète ici et là : devenir une meilleure version de soi n’est absolument pas égoïste, puisque c’est en étant pleinement fonctionnel et aussi épanoui que possible que l’on peut apporter son entière contribution au monde (et peut-être y soigner quelques autres misères). C’est comme dans les démonstrations de sécurité dans les avions : il faut mettre son masque à oxygène avant d’aider les autres à enfiler le leur.

Par ailleurs, la solution n’est pas en première instance à l’extérieur. De temps en temps, je tombe sur des tirades qui fustigent les méchants « normopensants », qui « ne font aucun effort pour nous comprendre », et pire encore « ne pensent qu’à nous exploiter » (l’expression « pervers narcissique » a des chances de traîner pas loin, dans ces cas-là, à plus ou moins bon escient et des degrés divers de pertinence). Il y a une part de vérité là-dedans, certainement. Néanmoins, si une sensibilisation du grand public à la douance est un ingrédient du remède, il est loin d’en être le principal. Le changement part aussi et surtout de l’intérieur. Certains comportements qui de fait mènent de nombreux HP à des situations non optimales (euphémisme) sont des manifestations de stratégies de coping  que nous avons involontairement mises en place pour nous protéger des situations potentiellement traumatisantes. Autrement dit (ré)apprendre quels sont nos besoins spécifiques et nos limites, comment les exprimer et comment les faire respecter est la voie la plus porteuse dans ces circonstances.

Une fois que l’on est un peu mieux renseigné sur le « gifted trauma »  et que l’on a quelques pistes pour s’en éloigner, on ne se plaint même pas ! On prend simplement (enfin, pas vraiment simplement, mais… vous voyez ce que je veux dire) les mesures adéquates en vue de son bien-être, en adulte autonome et responsable.

Pourquoi créer des catégories de traumas ?

C’est comme toutes les étiquettes : ça gratte un peu, mais c’est utile ! Cela aide simplement à savoir de quoi on parle, avec qui, et de connaître la liste des ingrédients.

Nous avons vu les mécanismes du traumatisme complexe dans un article précédent. En particulier dans l’enfance, lorsque certains besoins ne sont pas honorés, lorsque l’on ne se sent pas validé, on peut en déduire que l’on est inadéquat, trop ceci, pas assez cela. A force de voir des petits événements blessants se répéter, le trauma s’installe. Ceci est, disons, le tronc commun du trauma. Par contre, la nature et la manifestation des besoins en question sont différentes selon les personnes ; les comportements et caractéristiques qui ne sont pas validés par l’entourage varient également. Et les personnes à haut potentiel ont par définition des particularités qui leur sont propres et les éloignent de la « norme ». Dès lors, les causes exactes du « gifted trauma » leur sont spécifiques. Par ailleurs, ses conséquences seront également influencées par les fonctionnements liés à la douance.

Pour trouver ses pairs

L’un des outils particulièrement indiqués pour se libérer du trauma est de pouvoir dialoguer avec des pairs, d’appartenir à un groupe dans lequel on recevra la validation que l’on n’a pas reçue par ailleurs. Pour que cela soit possible, soit il faut que les membres du groupe fassent particulièrement preuve de bienveillance, de compassion, d’empathie et d’ouverture d’esprit, soit qu’ils soient eux-mêmes concernés par les mêmes problématiques. Autrement dit, il est préférable de discuter entre HP pour progresser.

C’est comme souvent plus facile à dire qu’à faire. La plupart des plateformes francophones que j’ai fréquentées s’adressent aux « atypiques » de tous poils, c’est-à-dire entre autre les personnes concernées par la douance, mais aussi celles qui se retrouvent plus volontiers dans l’hypersensibilité, l’hyperstimulabilité, l’autisme ou les troubles de l’attention (des combinaisons de plusieurs spécificités pouvant exister). Le principal point commun des participants est donc de se sentir relégués à la marge, donc vraisemblablement de faire l’expérience d’un trauma, mais probablement pas le même et pas pour les mêmes causes précises.

Il est certes intéressant de partager sur certains sujets dans un environnement diversifié ; après tout il y a des recoupements dans les expériences en présence. Mais si l’on doit creuser le trauma tout en faisant émerger un certain niveau de validation, une répartition en sous-groupes me semblerait plus pertinente et souhaitable. Et je ne serais pas étonnée qu’un jour apparaissent d’autres catégories en vue de discuter des blessures causées par l’incompréhension face aux autres particularités citées plus haut.

Pour s’entendre sur les ingrédients

Si vous êtes allergique aux arachides, vous ne cherchez pas sur les étiquettes la même chose que quelqu’un qui est intolérant au lactose. Et si vous risquez le choc anaphylactique, ce n’est pas comparable à des inconforts digestifs. Toutes les difficultés ne sont pas équivalentes juste parce que ce sont des difficultés (fussent-elles d’ordre alimentaire ou liée à un mode de fonctionnement particulier).

C’est juste pour enfoncer le clou de ce que je disais plus haut.

Pour prendre un exemple plus proche du domaine qui nous intéresse, une personne hypersensible ne se sentira pas nécessairement concernée lorsque sa camarade HP expliquera qu’elle « devait savoir avant d’apprendre » sans quoi elle se sentait complètement ridicule, stupide et inutile, et inversement la HP ne s’identifiera pas forcément quand l’hypersensible évoquera le fait qu’elle fondait en larmes d’émotion à chaque fois qu’on lui faisait un cadeau inattendu et qu’elle se sentait mal devant les yeux levés au ciel et le malaise de celui ou celle qui venait de lui faire le présent.

L’idéal, lorsque l’on parle de trauma en groupe, c’est de ne pas avoir à s’expliquer, mais de sentir que les autres comprennent instantanément et viscéralement (littéralement) ce que l’on veut dire. C’est là que l’on trouve de la validation, et pas juste de la compréhension. Leur propre expérience a peut-être été légèrement différente, mais ils ont en quelque sorte l’équipement pour se mettre à la place de leur interlocuteur ; ils ont à peu près la même liste d’ingrédients. Il est vrai que sur le moment cela peut créer un entre-soi, qui est plus ou moins bien vu selon la culture et le contexte dans lequel on vit, mais à terme le but est de pouvoir interagir de façon plus optimale avec tout un chacun.

Pour trouver le bon thérapeute

Un autre outil face au trauma est bien sûr l’aide professionnelle d’un(e) psychologue ou thérapeute. Là aussi il est crucial que la personne consultée soit à tout le moins bien informée sur la douance, et idéalement elle-même concernée. Sans cette sensibilisation, elle risque de ne même pas comprendre pourquoi vous venez la voir ! L’une des origines du trauma pour un HP est de se contorsionner mentalement pour agir comme quelqu’un de « normal ». Et souvent on y arrive plutôt bien. Tellement bien que pour un regard peu aiguisé on semble n’avoir aucun problème ! Et s’entendre dire qu’il n’y a pas de souci (autrement dit qu’on se fait des idées ou que sa souffrance est « imaginaire »), c’est une nouvelle petite coupure à ajouter à la liste !

Par ailleurs, si les sentiments douloureux du client en psychothérapie sont perçus et reconnus mais que leurs causes ne sont pas bien identifiées, le thérapeute pourrait essayer de ramener ce client à la normalité, de le faire retourner dans le moule qui ne lui convient pas. Et là en plus de ne pas se sentir à sa place (encore une fois), certaines personnes vont en plus avoir l’impression d’être de « mauvais clients », de ne pas vouloir faire ce qui leur est conseillé, vraisemblablement pour leur bien, et même de décevoir le praticien.

D’où la pertinence de catégories et la nécessité de trouver les bonnes contreparties pour explorer et guérir le trauma.

Les manifestations du « gifted trauma »

La honte de se sentir différent

L’émotion prédominante dans ce type de traumatisme complexe comme dans d’autres est la honte. On l’aura déjà compris, le sentiment principal est de ne pas se sentir à sa place, d’être différent, de devoir cacher ce que l’on est, ce que l’on peut faire, ce que l’on pense et de se conformer pour paraître « normal » et éviter le rejet, voire les ennuis. Cette tentative d’adaptation, en plus d’être épuisante, a de nombreux effets pervers.

Puisqu’on essaie de se fondre dans la norme, il est rarissime d’être tout ce que l’on pourrait être ; cela supposerait de faire le sacrifice périlleux de laisser libre cours à sa rapidité de pensée, à sa créativité, à son intensité, à ses émotions et du coup à des tas de « bizarreries » qui pourraient ne pas être comprises. Pire : on pourrait échouer. Et là, ce serait la preuve ultime que « les autres » ont raison, qu’on est seulement étrange… et inadapté (et arrogant d’avoir pensé le contraire). D’un autre côté, si l’on réalisait quelque chose d’extraordinaire, les détracteurs seraient bien obligés de nous accepter et de reconnaître que les qualités qu’ils rejetaient avaient leur intérêt. Mais pour que cela arrive, il faut que tout soit absolument parfait ! Alors on pense, on pense, et on pense encore, à ce qui pourrait arriver et à ce qui pourrait mal tourner. Et finalement il ne se passe rien, ou ça marche bien mais on est tellement convaincu que cela va foirer à un moment donné que l’on anéantit soi-même le fruit de son travail pour éviter que quelqu’un d’autre ou l’Univers le fasse. Et on rajoute une couche de culpabilité et de honte, parce que si on était vraiment si intelligent, on devrait quand même pouvoir résoudre ses problèmes et s’occuper de soi-même. Comment cela peut-il avoir l’air si évident pour les autres de faire leur bonhomme de chemin ?

C’est une scène qui peut se passer dans l’esprit d’une personne à haut potentiel qui est aux prises avec une certaine forme de « gifted trauma ». En fait, je crains que cela ressemble à beaucoup d’entre elles. Dans ce paragraphe, on retrouve l’autocritique exacerbée, le syndrome de l’imposteur, la mauvaise estime de soi, le catastrophisme, le perfectionnisme, la procrastination et l’auto-sabotage… Ce ne sont pas des caractéristiques intrinsèques de la douance, mais le fruit du trauma.

La solitude

Le fait de se sentir comme un extraterrestre et de ne pas trouver ses semblables est particulièrement pénible et dommageable. Nous avons besoin d’interactions sociales, aussi authentiques que possible. On les cherche désespérément partout.

L’idéal est donc de trouver quelques pairs avec lesquels être réellement soi-même. Cela ne signifie pas qu’on va pouvoir exprimer tout son être sans retenue comme si on ouvrait une lance à incendie. Ça peut faire des dégâts aussi (sur les autres et donc par rétroaction à nous-mêmes). Dans le trauma, en quelque sorte on ne respecte pas ses propres limites afin de se fondre dans la masse, d’être ce qu’on attend de nous. Quand nous trouvons des gens susceptibles de nous accepter, il faut se souvenir qu’eux aussi ont des limites, et les respecter. Et donc, il est nécessaire d’apprendre à communiquer correctement, ce que l’on ne sait pas faire de façon innée. On est affamé de relations profondes et signifiantes, et la tentation, dès qu’on peut assouvir un besoin satisfait à 0%, est de faire le plein jusqu’à 100%, même si cela peut s’apparenter à du pillage, avoir des effets négatifs et entretenir la spirale du trauma. Mieux vaudrait peut-être se demander ce que cela fait d’obtenir déjà 30%, ou 50 puis 80, afin de mieux mener sa barque.

Des manifestations psychiques et physiques

Burnout

Même dans des situations finalement assez éprouvantes, on peut avoir l’air d’aller tout à fait bien, de fonctionner normalement et d’être plus efficace que la moyenne. Puisqu’on est loin d’utiliser toutes ses capacités, il y a un risque de se mettre à faire du « people-pleasing », d’être un super employé, super ami, super parent, et donc d’accepter de faire toujours plus de ce qui ne nous convient pourtant pas tellement pour atteindre un hypothétique perfection (prendre la responsabilité des sentiments des autres ou régir la vie de ses enfants, par exemple).

Et puis comment dire « non » à certaines demandes alors qu’on est capable de bien plus ? Mais un amoncèlement de sous-performances ne comble pas le gouffre laissé par l’absence de performances adaptées, tout en consommant de l’énergie, même si on se met en sous-régime (surtout en fait, puisque la satisfaction est inexistante et ne recharge pas les batteries). Un jour, le barrage derrière lequel tout cela s’accumule lâche, et cela peut causer un burnout.

Dans l’imaginaire populaire, l’épuisement (qui peut être non seulement professionnel, mais aussi parental, compassionnel, moral et j’en passe) se produit lorsque l’on en fait trop, que l’on passe de longues heures à travailler et que l’on ne peut se reposer. Mais le burnout signifie surtout que l’on n’a plus de ressources, quelle qu’en soit la nature. Or, il faut des ressources pour se conformer et se nier soi-même tout le temps, pour retourner au charbon alors qu’on n’en retire pas grand-chose, pour paraître parfait, pour sembler aller bien, pour supporter sa propre sous-performance, …

Dépression et somatisation

Ne pas vivre selon ses propres valeurs mais celles des autres, c’est épuisant aussi. Et cela pose la question du sens de l’existence, surtout pour les esprits curieux, profonds et rapides. Une forme particulière de dépression peut les guetter : la dépression existentielle. Expliquer précisément de quoi il s’agit dépasserait le cadre de cet article (aussi j’y reviens ici). En résumé, le sentiment qui se dégage est : « si se conformer à des normes arbitraires est tout ce qu’il y a devant moi, qu’il n’y a pas de vérité absolue, que nous ne sommes pas permanents, fondamentalement seuls et insignifiants au regard de l’immensité de l’univers et du temps, à quoi bon ? »

Essayez toujours de parler de ça avec des collègues de bureau, et vous recevrez vraisemblablement ce type de réponse : « Mais il ne faut pas penser à ça ! Tu t’en sors bien, tu as un bon job et ta carrière t’attend. Tu as une belle maison. Qu’est-ce que tu veux de plus ? » Ou alors celle-là, qui m’a carrément estomaquée à l’époque : « T’as qu’à faire un bébé et tu n’auras plus le temps de penser à ça ! » C’est donc cela : fuyons en avant dans la normalité, travaillons, consommons et pouponnons ! Pauvre gosse ! Bon, je vous rassure tout de suite, les questionnements existentiels, ça se gère de meilleures façons que cela. Mais il faut être conscient qu’une fois qu’on a contemplé ces considérations, on ne peut pas se remettre des œillères et les oublier. A nouveau, il est préférable de trouver une aide professionnelle sensibilisée à la douance, parce que hélas certains psychologues ne sont pas mieux informés que les collègues de bureau de l’anecdote.

La somatisation rentre ici en jeu. Elle accompagne souvent les dépressions quoi qu’il en soit. Mais si encore une fois ce que l’on vit et ressent n’est pas compris, elle peut presque acquérir un côté pratique : si une angoisse existentielle nous empêche de nous lever le matin, il est beaucoup plus simple de n’évoquer que les symptômes physiques invalidants que la plupart des gens connaissent que de tenter de s’expliquer. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue le phénomène sous-jacent et obtenir l’aide nécessaire !

Une liste incomplète

Il n’y a pas de liste officielle de signes du « gifted trauma ». Je pense avoir listé ce qui revient plus souvent ci-dessus, mais les expériences peuvent être très variées. Mon sentiment est que d’une certaine manière (et à peu de choses près) tous les « symptômes » possibles du traumatisme complexe pourraient apparaître. Je pense qu’il manque simplement de témoignages pour le moment pour dresser une liste plus exhaustive.

En effet, la grande majorité des éléments couramment cités est dans la ligne des stratégies de coping de type « fawning » (soumission) et « freezing » (immobilisation) ; peu sont en relation avec le type « flight » (fuite) et encore moins « fight » (lutte). Pourtant, dans son livre « Gifted Grownups », Marylou Streznewzki évoque les cas de personnes à haut potentiel qui se retrouvent en prison pour des faits qui peuvent vraisemblablement être liés à la douance :

  • Usage de drogues pour inhiber la douleur de ne pas se sentir stimulé, adéquat, accepté par la société (plutôt de type « flight ») ;
  • Vol de véhicules et « joyriding » pour tromper l’ennui (selon moi « flight » avec une touche de « fight ») ;
  • Intrusion et vol parce que « les objets volés sont réels et représentent un contact avec la réalité » (idem) ;
  • Meurtre et tentative de meurtre (… probablement un brin « fight » ?).

Même en restant du bon côté de la loi, des conduites vraisemblables telles que l’abus d’alcool, l’agressivité, les problèmes d’autorité ou la défiance ne sont pas évoquées. Bref, il est fort possible que les conduites à risque ne fassent pas l’objet de consultations chez des spécialistes de la douance, et qu’inversement un certain type de clientèle « fawn/freeze » soit plus susceptible de rechercher du conseil. Cette question sera peut-être un jour mieux éclairée.

De quels besoins parle-t-on ?

Nous avons dit plusieurs fois que le trauma trouvait son origine dans le fait que certains besoins n’avaient pas été honorés et satisfaits par l’environnement social. Mais quels sont-ils au juste ?

Il existe divers modèles de besoins, notamment celui de Maslow, qui est bien connu du grand public (du moins on croit bien le connaître, on en reparlera dans un autre article), mais ici encore je vais me raccrocher aux trois besoins psychologiques de base qui sous-tendent la Théorie de l’Autodétermination (TAD) de Ryan et Deci, qui suffisent à mon sens à nous éclairer sur la question qui nous occupe.

Selon les auteurs de la TAD, il y a un lien entre la non-satisfaction des besoins d’autonomie, de compétence et de relatedness avec certains troubles psychologiques, auxquels le trauma appartient. La variante influencée par la douance n’y fait pas exception et apporte à ces besoins une nouvelle coloration.

Besoin d’autonomie

Besoin de déterminer, diriger et réguler soi-même ses propres expériences et actions.

Les personnes à haut potentiel ont de façon innée une grande curiosité, des intérêts variés, l’envie de comprendre, de creuser les sujets, d’explorer la complexité, etc. Ces traits sont chez eux plus intenses que la moyenne. Cela signifie que « soutenir leur besoin d’autonomie », mettre à leur disposition le cadre, les structures, les ressources et l’implication de tiers nécessaires à sa satisfaction, revêt une forme différente de ce qui est généralement considéré comme suffisant.

Sans entrer dans trop de détails, dès la petite enfance, cela peut représenter un défi pour les parents, qui sera plus ou moins bien relevé. Il n’est pas toujours aisé de savoir comment réagir face à un bambin qui parle tôt, beaucoup, pose des tas de questions ou imagine sans cesses de nouvelles possibilités à aller découvrir. A l’école, à moins de bénéficier d’aménagements particuliers pour les HP identifiés, l’autonomie se trouve réduite du fait du programme et du rythme imposés. L’élève ne peut pas simplement étudier tout ce qui l’intéresse lorsque le désir lui en vient. En grandissant, les jeunes gens sont de plus en plus confrontés à des codes et des normes qui vont de pair avec la « normalité » telle qu’elle est vue dans leur environnement social. Il y a certaines attentes que l’on a d’eux et qui ne leur correspondent pas nécessairement, ce qui peut se prolonger tout au long de leur vie. Alors que les adultes gagnent en indépendance, ils peuvent éventuellement (re)conquérir leur autonomie, pour peu que leurs besoins aient été suffisamment soutenus jusque-là et qu’ils aient donc les ressources psychiques nécessaires.

Bref, comme les personnes à haut potentiel ont une tendance accrue à voir le monde d’une façon qui leur est propre, à ne pas bien tolérer les règles arbitraires et à vouloir découvrir d’autres horizons, elles sont plus susceptibles que d’autres de ne pas voir leur besoin d’autonomie satisfait. En quelque sorte, il faudrait leur assurer plus de liberté, et ce sans les laisser livrées à elles-mêmes. C’est d’autant plus vrai si elles cumulent d’autres particularités, hyperstimulabilité, hypersensibilité, multipotentialité, ou un seconde exceptionnalité.

C’est une adaptation qui ne leur est pas souvent consentie, pas par méchanceté, mais par manque de compréhension de la part de l’environnement, à cause d’une certaine normativité ambiante, et aussi  parce que la personne concernée par la douance n’est pas forcément elle-même capable d’exprimer son besoin et de décrire comment on peut lui mettre à disposition les ressources nécessaires. On n’a pas la science infuse et on n’est pas livré avec un doctorat en psychologie ! Personne ne nous a appris ni à déterminer ni à énoncer ce qu’il nous faut ; personne ne nous a même dit qu’on pouvait se manifester en ce sens. A la place, nous avons intériorisé qu’il fallait se contenter de ce qu’on nous donnait, d’où l’idée (fausse !) que c’est nous qui sommes inadéquats. Dès que l’on est conscient de la méprise, en tant qu’adulte, on peut travailler à faire valoir ses droits et besoins !

Besoin de compétence

Besoin de ressentir qu’on interagit de façon efficace avec l’environnement (effectance).

Contexte scolaire et professionnel…

Lorsque l’on entend compétence, on pense tout de suite aux performances scolaires ou professionnelles. Certes, c’est là encore un domaine où les personnes HP sont particulières par rapport à la population générale ; pas besoin de faire un dessin. Toutefois, il ne faudrait pas se méprendre, même dans ces domaines, sur ce que représente réellement la compétence : il ne s’agit pas seulement de savoir faire ce qu’on nous demande et impose, mais aussi de ne pas faire moins que ce que l’on est capable (ou plus, d’ailleurs) et d’être autonome dans le choix de l’activité et son accomplissement. Or, tout ce qui dépasse « savoir faire ce qu’on nous demande » est souvent négligé.

Sur la question du moins, le cadre scolaire est souvent insuffisamment stimulant pour un HP ; c’est trop simple, cela va trop lentement, et la seule réponse disponible est généralement de donner à l’élève plus de tâches du même niveau de complexité plutôt que d’augmenter cette dernière. En fait c’est presque une punition. « Tiens, tu t’ennuies à faire ça ? Ben fais-en plus ! » Comme je l’ai dit plus haut, une accumulation de sous-performances ne donne jamais le niveau de satisfaction d’une performance adéquate. Lorsque l’on obtient de bonnes notes, on n’est parfois même pas fier de soi ; c’est tellement évident qu’il est presque gênant d’obtenir des compliments pour cela. Dès lors, il est difficile de pouvoir construire une estime de soi valable et de ne pas se prendre pour un imposteur. Il ne faut pas oublier que certains enfants très capables finissent par carrément décrocher du système scolaire, tellement l’ennui les tenaille, ou que des travailleurs font des burn/bore out.

Sur la question du plus, une fois qu’on a démontré qu’on est un bon élève ou un bon employé, il est fréquent de devoir vivre en fonction de grandes attentes de la part des figures d’autorité, qu’on finit par s’appliquer à soi-même. « Puisque tu es/je suis capable, il faut faire le plus de maths/{autre au choix} possible et avoir les meilleurs points/résultats possibles. » Ah oui, et par ailleurs il faut être ingénieur, ou neurochirurgien, ou astrophysicien, sinon on gâche son potentiel, c’est bien connu. C’est là par exemple que s’installe le perfectionnisme mésadapté.

Ryan et Deci ne consacrent dans leur volumineux ouvrage qu’une demi-page au sujet des étudiants à haut potentiel. Ils y citent deux études qui montrent qu’une certaine proportion de jeunes HP (s’ils ont été identifiés comme tels précocement, cela va sans dire) sont soumis à ce qu’ils nomment un « contrôle psychologique orienté vers la performance » de la part de leurs parents. Simplement dit, on a vis-à-vis d’eux une attente forte en ce qui concerne leurs performances scolaires et académiques. C’est pas de bol, parce qu’en fait ces jeunes gens montrent par la suite une plus grande amotivation par rapport aux études supérieures et sont motivés par la peur de l’échec plutôt que par le fait de réaliser leur potentiel. Dans ce cas, le besoin de compétence est mis en opposition avec celui d’autonomie (et accessoirement de relatedness), donc aucun d’entre eux ne peut être pleinement satisfait.

… et tous les autres contextes auxquels on ne pense pas !

Mais la compétence, ce n’est pas que cela ! Il y a une myriade d’autres choses nécessaires auxquelles on voudrait se sentir compétent ! Par exemple, se faire des amis et les garder, maîtriser les codes sociaux d’un groupe, s’intégrer, s’amuser. Ce sont des choses qui s’apprennent ! « Oui, mais vous savez, les enfants précoces sont souvent solitaires… » Ah oui ? Et on se demande si c’est parce qu’ils le veulent ou parce qu’ils ne savent pas comment faire autrement ? On pourrait vouloir être compétent aussi dans des activités physiques, courir avec les autres à la récré sans s’emmêler les jambes, ou simplement être en bonne santé (« Oui, mais tu es intelligent, c’est normal si tu n’es pas sportif ; on ne peut pas tout avoir. »)

Apprendre à apprendre, c’est aussi une capacité dans laquelle de nombreux HP ont des lacunes. D’une part on les applaudit lorsqu’ils semblent avoir la science infuse (et ce n’est pas vrai, c’est qu’ils ont appris par ailleurs sans même s’en rendre compte) et d’autre part il y a ce problème d’être insuffisamment défié pour sortir de sa zone de confort et donc faire des efforts. La croyance qui s’en dégage est : « Si ça ne vient pas naturellement, c’est que ça ne doit pas être fait pour moi ! » Au final, ceux qui ont des capacités intellectuelles normales et ont quant à eux dû maîtriser des techniques de mémorisation et de travail peuvent dépasser les étudiants à haut potentiel dans leurs performances académiques. « Ça prouve bien que je ne suis pas si doué que ça… » Il y aurait-il du syndrome de l’imposteur dans l’air ? Et quand on a établi que devoir faire des efforts montre une faiblesse, cela a des chances de se propager aux domaines du sport, des régimes, des techniques artistiques, notamment la pratique d’instruments, tout ce qui ne vient pas spontanément.

Être compétent à identifier, nommer et exprimer ses émotions, ses besoins, à se connaître, à se comprendre, à être heureux, à éprouver de la vitalité,… ce serait sympa aussi. Et bien utile non ?

Avec une notion restreinte de la compétence, orientée vers la productivité, le « faire » et l’« avoir » plutôt que l’« être », il n’est pas étonnant que là encore (et paradoxalement si l’on se place d’un point de vue « standard ») l’environnement ne soit souvent pas propice à satisfaire le besoin des personnes à haut potentiel.

Le besoin de relatedness

Besoin d’être en relation avec autrui, de donner et recevoir de la considération, d’appartenir à un groupe social ou à un ensemble plus grand que soi-même.

Ce besoin est déjà apparu en filigrane dans les deux autres catégories. Aucun des besoins n’existe de façon indépendante ; ils sont tous interconnectés. Celui-ci me semble le plus difficile à satisfaire, car dans le cas des personnes à haut potentiel, il ne dépend pas entièrement de constructions sociales qui peuvent être modifiées au besoin.

Il y des choses auxquelles on peut porter attention et moduler le cas échéant. Par exemple, on peut être attentif en tant que parent ou éducateur à ne pas opposer les besoins d’autonomie ou de compétence à celui de relatedness. Il est aussi possible d’examiner les valeurs de son groupe social, de voir lesquelles nous correspondent ou non, lesquelles seraient plus alignées avec nous-mêmes, puis éventuellement de se mettre en quête d’un cercle auquel on pense pouvoir appartenir plus volontiers.

Mais on l’a dit plus haut, il est nécessaire de pouvoir interagir, au moins de temps à autres, avec des semblables, d’être compris, à la limite sans effort intellectuel, sans contorsions. Et pour cela, de façon optimale, il faut arriver à dénicher dans les 2 à 5% de la population HP quelques personnes qui sont en plus compatibles avec nous à d’autres points de vue, et pourront combler une partie de nos attentes, chacune à sa façon. Il y a donc une limitation intrinsèque à l’étendue du soutien de l’environnement à ce besoin.

Bien sûr, on peut espérer l’amour inconditionnel de ses parents. C’est déjà un excellent début. Inconditionnel, cela sous-entend qu’ils puissent aussi soutenir en même temps les besoins particuliers d’autonomie et de compétence de leur enfant HP ; ce n’est pas gagné d’avance. Entre mettre tout son cœur à essayer de bien faire et réellement bien faire, il y a une marge ; et personne n’est à blâmer. On peut être soutenu à des degrés divers par des professeurs, des camarades, se sentir en contact avec le vivant à travers les animaux, la terre sous nos pieds. Des tas d’éléments peuvent nous aider à trouver de la relatedness. Mais il peut manquer parfois la certitude de pouvoir laisser tomber sa garde.

On n’entre pas en relation avec autrui uniquement avec son cerveau. On le fait également à travers des mécanismes plus anciens et subtils, notamment celui qui permet ce que l’on appelle la neuroception. C’est elle qui fait qu’on peut avoir l’impression de « capter » les émotions émises dans une pièce par les personnes en présence. On y reviendra plus longuement dans un article sur la théorie polyvagale. Pour se sentir réellement en sécurité et donc pleinement accepté et validé, il est nécessaire que ce niveau de perception nous renvoie des signaux positifs. Cela n’a pas besoin de se produire tout le temps, mais au moins de temps en temps. Cela peut être le cas avec des gens qui nous aiment et que l’on aime en retour, ou dans un contexte tout à fait différent avec un thérapeute, au contact de la Nature ou en présence d’une personne qui est « sur la même longueur d’onde ». C’est difficilement définissable ; et cela se trouve, mais pas forcément suite à un effort réfléchi. Bien sûr il y a des endroits plus propices à cela que d’autres.

Comment travaille-t-on sur le « gifted trauma »

Ce n’est pas facile ni immédiat, mais on peut bien sûr se libérer du « gifted trauma ». Il n’y a pas de recette miracle, mais plutôt une liste de pistes à explorer, dont plusieurs éléments ont déjà été donnés au fil du texte.

En ce qui concerne les aides venant de l’extérieur, il y a d’abord le fait de trouver un thérapeute sensibilisé à la douance et ses enjeux. Cela peut être un coach également (bien sûr informé sur le haut potentiel), pour peu que le traumatisme ne soit pas trop invalidant ou assorti d’autres troubles tels que la dépression. Ensuite, pouvoir discuter avec un ou plusieurs pairs (et apprendre à communiquer si nécessaire) peut apporter beaucoup. Déjà participer sur une plateforme en ligne réellement adaptée et bienveillante a quelques bénéfices.

Pour les outils « intérieurs », l’introspection, éventuellement soutenue par l’exercice de la pleine conscience est pratiquement incontournable. La méditation peut s’avérer utile, si toutefois sa forme est adaptée (il en existe de nombreux courants ; vaste débat dans lequel je ne m’engagerai pas, mais veillez seulement à ce que la finalité soit de vous aider à évoluer et pas d’accepter tout en restant là où vous êtes – c’est souvent le type de formule que proposent les entreprises à leurs salariés, et si c’est du développement du personnel, ce n’est pas vraiment du développement personnel…).

https://metacosme.me/index.php/2021/04/30/theorie-polyvagale/La Théorie de l’Autodétermination (3ème volet) peut vous donner quelques éclairages en termes d’introspection, de même que la Théorie de la Désintégration Positive. On reviendra sur la théorie polyvagale et ses applications très bientôt. Ouvrez vos horizons de toutes les façons qui vous paraissent pertinentes. Parfois votre esprit s’emparera de lui-même d’une idée et vous fera avancer. En attendant, vous pouvez aussi (re)lire les  premiers articles de ce blog, sur la découverte de la douance, ses divers modèles, … et rester à l’écoute de la suite ; j’ai encore plein de choses à dire qui j’espère vous intéresseront. Et j’en découvrirai encore d’autres. Car si vous êtes sur ce chemin, sachez que j’y suis avec vous !

Métacosme est un blog dont le but est de mettre à disposition des lecteurs francophones des informations de cheminement personnel et un éclairage psychologique et philosophique original.

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Sources :

7 Replies to “Le « Gifted trauma »”

    1. Merci beaucoup! Et dire qu’il y a des jours où je me demande si cela vaut la peine que j’écrive ces articles… 😀
      Cela étant dit, n’hésitez pas à aller voir du côté d’Intergifted, avec Jennifer Harvey Sallin et Karin Eglinton. Elles travaillent beaucoup sur ce sujet (et également en pratique), et sans les informations qu’elles mettent à disposition il n’y aurait pas eu grand chose à dire. 🙂

      1. Oui je suis allée voir et il y a beaucoup de choses intéressantes, merci pour les infos. Bessel Van Der Kolk est une référence pour moi aussi et il m’a amenée à l’Internal Family System de Richard Schwartz que je pratique depuis deux ans, un très bel outil pour se découvrir et accepter ses facettes de personnalité, entre autres.

  1. Un grand merci Isabelle pour ton site et pour cet article en particulier ! Tu as mis des mots sur des choses que je ressens depuis l’enfance et dont je n’avais parfois même pas conscience. C’est un peu perturbant de porter un regard différents certains pans de son éducation mais au final cela apporte beaucoup d’éclaircissements.

    1. Hello John! Contente que cela te soit utile! Effectivement, c’est un peu perturbant, mais cela ouvre aussi d’autres perspectives (souvent plus positives) pour la suite. Bon cheminement!

  2. Merci beaucoup pour ce blog, pour la guidance que vous apportez !
    Ça fait du bien d’apprendre à se connaître et de se lire à travers les autres (j’ai encore un peu ce sentiment d’illégimité (de savoir si j’ai bien ma place… Cette place que j’ai longtemps cherché), de ne pas oser s’exprimer/ ce syndrome de l’imposteur) par peur de comment je serais reçue, mais ce blog parmi d’autres choses qui se sont confirmées et alignées, m’a convaincue (lorsque j’ai enfin accepté d’intégrer que c’était ça car pour une fois je me sentais entièrement comprise dans mon être !, ça a lié BEAUCOUP de choses d’un seul coup et depuis l’enfance et aujourd’hui- l’ennui, cette envie soudaine un soir de me dire que j’allais apprendre tout le dictionnaire car je savais que j’en étais capable (se challenger jeune!) etc. (Je pensais être « insaisissable », que mes trucs seraient toujours « vagues », alors que ce n’est pas le cas.)
    Ce qui est drôle c’est que l’année dernière j’étais déjà tombée sur des vidéos sur les HP, mais encore une fois (peur de..) j’avais laissé tomber le truc… Pour que la vie me le reconfirme.

    Continuez à écrire. En 2023, vous aidez encore bien des gens HP qui tombent sur votre chemin en voulant maintenant enfin apprendre à se connaître !

  3. J’espère qu’il y a d’autres personnes HP jeunes (la vingtaine) comme moi dont je pourrais aussi rencontrer !

    J’ose vraiment pas m’exprimer, je suis très timide (par rapport à ça) et j’ai très peur de ma propre expression et des autres… D’être acceptée++ pour ce que je suis. J’ai l’impression que je suis fausse quand je parle là, mais peut être que c’est parce que c’est mon enfant intérieur qui s’exprime et qui a « peur » d’être fausse aux yeux des autres.. et portait un masque et ne pouvait pas se montrer sous tous ses vrais angles.
    J’ai peur dans ce sens… De ce que je suis…

    Merci à vous !

    C’est un début de libération profonde.
    Merci pour l’existence de votre blog et de votre travail d’écriture.

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